APOLENIA ▬ 'cause two can keep a secret, if one of them is dead.

On pourrait croire que c'est parce qu'Apolenia est une criminelle, qu'elle est forcément une psychopathe sadique, qui veut tuer tout son entourage dans un bain de sang. Forcément, Apolenia, on ne l'aime pas. Elle fait le mal. Elle vole les gens. Elle n'en a rien à taper qu'ils soient tristes, ou qu'ils crient au drame. C'est une criminelle, et une fois qu'on le sait, c'est marqué sur son front, et personne ne veut se sortir cette image de la tête. Elle perd toute son humanité.

Pourtant, une fois qu'on connait Apolenia, on l'apprécie plus. Enfin, surtout si on ne connait pas ses petits secrets illégaux, j'imagine. Une fille avec un caractère entier. Réaliste. Un peu trop réaliste, même. Mais bon, comme la plupart des adolescent, elle n'a pas eu une enfance facile, et maintenant, elle se traîne ce bagage comme un boulet. Elle est foutue, Apolenia. Elle est dans le tourbillon infernal. Elle vole pour survivre, mais plus elle vole, plus on va essayer de la chercher, et on la privera de toute liberté. Oui, elle est foutue, Apolenia. C'est une perfectionniste. Il est rare qu'elle fasse des erreurs, ou qu'elle laisse les choses mal faites telles qu'elles sont. Ce n'est pas de la maniaquerie. Non. Juste une envie de bien faire les choses. Et puis, Apolenia, elle est fragile. Oui, derrière ce caractère solide se cache quelqu'un qui pleurniche facilement, qui s’apitoie sur son sort, qui rêve d'une vie plus simple.

Elle veut juste décrocher, se laisser aller. Malheureusement pour elle, elle doit avancer. Parce que sa vie, c'est marche ou crève. Apolenia, elle fait le mal. C'est devenu son credo. Alors oui, elle s'en fiche si elle vole les gens riches. Elle s'en fiche que les gens la détestent. C'est sa vie, c'est tout. 

La Mafia. Voilà à quoi se résume l'enfance d'Apolenia. Des trucs bizarres, mais qui paraissent normaux aux yeux de tous. Que ce soit les contre-façons, les deals, les vols, les meurtres, toutes sortes de marchés parallèles, le proxénétisme, et autres horreurs. Pourtant, Apolenia a été plus ou moins protégée de tout cela. Ses parents étaient là-dedans, mais ont toujours fait en sorte que leur fille unique, Apolenia, n'en soit pas affectée directement. Malheureusement, tout ne se passe jamais comme on aimerait, dans ce genre de contexte. Une action des forces de l'ordre, et voilà que les géniteurs de la jeune Apolenia finissent en prison. La gamine, âgée de 14 ans, fut récupérée par une autre famille, proche de celle des Adamovitch, qui avait eu le temps de fuir.

Elle découvrit ses capacités dans l'année qui suivit. Elle traversa juste un mur. Et elle se rendit compte que cela fonctionnait aussi pour des objets, etc. Quand sa famille d'accueil le découvrit, ils tentèrent de mettre à profit ce don. Et, on peut le dire, ils se servirent d'Apolenia. Ils s'en fichaient bien qu'elle crève, qu'elle se fasse choper, tant qu'elle ne disait pas qu'elle bossait pour eux, et qu'elle arrivait à rapporter des bijoux, des flingues, etc. Elle se faisait bourrer le crâne. Ils eurent assez d'argent pour aller s'installer en Angleterre. Cependant, elle ne fut pas inscrite au lycée ou autre. Elle continuait ses petites actions, poupée mécanique de cette famille assoiffée de richesses.

Quand elle eut 15 ans, elle rencontra un petit groupe de vandales. Ils étaient tous majeurs. C'étaient des SDF. Ils vivaient dans un taudis. C'était l'hiver, il gelait. Il y avait cette fille, à peine âgée de 17 ans. Elle tenait un bébé dans ses bras, emmitouflé dans un tas de couverture, mais on pouvait voir cette chair rose, légèrement rougie, à cause du froid qui mord la peau nue. Normalement, elle n'aurait pas du s'arrêter. Elle devait ramener ces portes-feuilles qu'elle avait chapardé dans le métro ou dans la rue. Mais elle donna simplement l'ensemble de sa trouvaille à cette adolescente. Elle se fit giflée par son père adoptif comme jamais, cette fois-là. Ils se doutaient bien qu'elle avait volé de l'argent. Elle ne revenait jamais les mains vides, Apolenia. Alors, ils pensaient qu'elle commençait à amasser du fric, pour s'enfuir. Et ils ne voulaient pas laisser cette poule aux oeufs d'or s'enfuir.

Mais elle le fit. Apolenia finit par fuir. Elle plaqua son petit confort, et commença à vivre avec ces vandales. Elle ne leur raconta jamais ce qu'elle était capable de faire. Elle ne voulait plus redevenir le pantin de quelqu'un. Elle mentit sur son âge, son identité, sa nationalité. De toute façon, ils ne posaient pas de question. Et puis, certains trouvèrent un boulot, et se sortirent de leur misère. Et elle décida que ce serait aussi son tour, même si ce ne serait pas de la meilleure façon. Elle commença ses premiers jobs pour des gens qui ne cherchaient pas à comprendre pourquoi une môme de 16 ans allait travailler, au lieu d'aller en cours. Elle continua à voler, à côté de ça. Elle se dégota un petit appartement miteux, mais elle était capable de se nourrir, de payer le loyer, et de s'habiller. Les meubles pourraient venir ensuite. Elle survivait avec un réchaud, et un matelas à même le sol.

Et puis, vers ses 17 ans, elle comprit que sa couverture s'amincissait. Que les gens commençaient à se poser des questions. Elle plaqua tout, encore, et déménagea. Elle s'inventa une famille, des parents chez qui elle vivait confortablement, un passé aussi. Des études plutôt réussies. Elle devait mentir. Elle n'aimait pas ça, mais elle le faisait. Et puis, au bout d'un moment, elle s'en fichait, et ça devenait normal. Elle mit aussi ses qualités de voleuse à profit, mais de façon plus discrète. Des clients la contactaient, pour voler telle ou telle chose, et elle le faisait, en échange de sommes d'argent. Le business était le business. C'est comme ça qu'elle survivait, et qu'elle survit encore.