Hisanami Himeko

- Bonjour mademoiselle Hisanami, je pense que vous savez pourquoi vous êtes dans mon bureau aujourd'hui n'est ce pas?
- Pas vraiment non.
- Et bien nous pensons qu'un examen psychologique est nécessaire avant de vous envoyer en mission, alors j'aimerais juste vous poser quelques questions. J'aimerais mieux vous connaitre pour dresser un profil de votre personnalité. Dites moi comment vous vous décririez?
- Je ne saisi pas la question.
- Vos qualités, vos défauts tout ce qui fait de vous ce que vous êtes.
- Qui je suis... dit elle avec un petit sourire. Après un petit instant de réflexion elle répondit, de plus en plus amusée par la situation:
Mademoiselle Maeda. Sakura! Je peux vous appeler Sakura? Je suis tout ce que vous voudrez que je sois. Vous avez un petit ami, Sakura?
Oui bien sûr que oui. Mais il ne comprend pas pourquoi vous ne dormez pas dans le même lit, pourquoi vous refusez qu'il vous touche,j'ai bon?
Moi je sais ce qui vous taraude depuis si longtemps. Je vous comprends, je sais absolument tout de vous.
Vous me trouvez séduisante Sakura?
Elle se leva du canapé où elle était installé jusque là et s'agenouillant près de la psychologue, elle lui prit la main doucement en affichant une mine sereine et la plus apaisante possible. Fronçant les sourcils, elle fit la moue.
-Vous pensez séduisante mais effrayante. Vous n'êtes pas tendre avec moi Sakura.
Se levant à nouveau, elle se dirigea vers le bureau en chaine qui trônait au centre de la pièce et s'assit en lissant les plis de sa fine robe blanche qui soulignait sa silhouette parfaite. Reprenant son sérieux, elle croisa les bras et reprit:
- Je n'ai pas de réellement personnalité mademoiselle Maeda. Ce qui vous émeut, vous attriste, vous fait vous sentir heureuse, toutes ces choses me laissent indifférente. Je ne ressens rien, je ne sais que feindre, simuler toutes les expressions. Comme tout le monde allongé sur votre lit vous avez imaginé des conversations avec telle ou telle personne et chaque fois vous avez idéalisé la réponse que vous voudriez avoir. La discussion parfaite, où toutes vos attentes seraient comprises et satisfaites. Et bien ces conversations vous les auriez avec moi. Je serais la femme de vos rêves, votre idéal féminin en chair et en os. Et en sortant de ce bureau, tout sera fini et je serais devenu le rêve de quelqu'un d'autre.
Alors pour répondre à votre question, je suis d’innombrables personnes, d’innombrables personnalités, la douce réalité de votre idéal. Voilà qui je suis.
La gorge serrée la psychologue resta longtemps silencieuse à méditer sur le discours de cette jeune fille de 15 ans qui semblait en voir 10 de plus tant elle semblait en avoir vu.
- Mais qui est donc la VRAIE Himeko?!
Désarçonnée par la question, Himeko sourit tristement et finit par répondre:
- Je crois bien qu'elle n'existe pas...

Ça a commencé alors que je n'avais que 8 ans. J'ai vécu toute ma vie dans cet orphelinat puisqu'il était évident que mes parents n'en avait que faire de ma personne et qu'ils m'ont bien volontiers laissée sur le pas de la porte d'un orphelinat.
Ce n'était pas très enviable comme vie mais pas non plus ce qu'il peut arriver de pire à un enfant me direz vous. Je n'étais ni maltraitée, ni forcée de travailler des journées entières avec des haillons sur le dos ,comme on voit dans les films. Nous menions une vie tout ce qu'il y a de plus correcte.
Et puis un beau jour, ce homme est apparu. Il s'était présenté comme un riche entrepreneur et s'était proposé de racheter l'orphelinat, de le rénover et de contribuer activement à prendre soin de nous parce que les enfants dans le besoin était une cause qui lui tenait à coeur. Tout le monde était aux anges et déjà les autres s'imaginaient dans des locaux tout neufs avec de nouveaux habits et des jouets pour remplacé ce qui était depuis longtemps usés ou inutilisables.
Nous étions au salon et il s'était lancé dans un discours passionné sur les innombrables choses qu'il comptait faire pour cet orphelinat. Je n'ai pu le quitter des yeux durant tout son monologue, avec la désagréable impression que ce que j'avais devant moi n'était qu'une illusion, un mirage.
C'était la première fois que je lisais les pensées de quelqu'un.
L'homme qui quelques instants plus tôt nous parlait avec enthousiasme de ses projets pour notre petit orphelinat vola en éclat. A la place, se tenant recroquevillé sur lui même, e même homme dont les traits déformés par la haine n'exprimaient que le mépris. C'était ses véritables sentiments envers nous qui m'apparaissait clairement. Je savais avec une certitude déconcertante que la vérité était toute autre. Il n'était pas un riche entrepreneur. Juste un escroc de bas étage qui jouant de la crédulité et la détresse des tantines responsables de l'orphelinat, s'apprêtait à les arnaquer. Il comptait leur voler les titres de propriétés  de ce dernier et le revendre au plus offrant en ayant bien sûr pris soin de tous nous jeter à la rue au préalable.
Paniquée, je regardai autour de moi m'attendant aux regards indignés des autres après ce que je venais d'apprendre, mais tout ce que je vis furent leur visages béats d'admiration. Il était clair que j'étais la seule à le savoir et même si j'avais voulu croire que j'avais juste rêvé ou imaginé toute cette histoire, je ne pouvais pas nier cette oppressante certitude que j'étais dans le vrai.
J'ai donc interrompu dans son discours cet escroc et ai révélé ce que je savais à propos de lui. Bien entendu personne ne m'a cru et l'homme troublé par l'exactitude de mes dires sur ses intentions avait disparu sans demander son reste. Tout le monde m'en a voulu pensant que notre "bienfaiteur" avait été vexé par mes accusations. J'ai commencé à pouvoir lire de plus en plus souvent dans l'esprit des autres. Après cet incident, j'ai été mise à l'écart, autant par les autres enfants que par les tantines que j'avais voulu protéger. Les autres trouvaient des excuses pour rester le plus loin possible de moi mais je savais bien ce qu'il en retournait réellement.  Lassée de tous ces mensonges je me suis enfuie et c'est là que le CHERUB m'a trouvée.
Comme le caméléon je m'adapte à n'importe qu'elle situation, je sais ce que les gens veulent, ce qu'ils pensent et les secrets qu'ils croient les mieux gardés sont à ma porté. Je suis tout ce que vous aimeriez que je sois. Je peux revêtir le costume de votre plus beau rêve mais aussi celui de votre pire cauchemar...